Pourquoi la langue bretonne est sérieusement en danger ?
La langue bretonne est classée sérieusement en danger par l’Unesco : que signifie ce classement, combien de Bretons parlent leur langue et combien en font l’apprentissage à l’école ou dans des cours pour adultes ?
Lors de votre séjour dans notre hôtel du centre-ville de Rennes, au fil de vos visites, peut-être entendrez-vous parler breton. La langue bretonne reste encore vivace, mais comme beaucoup de langues régionales, elle est en déclin. Elle est même classée comme “sérieusement en danger” par l’Unesco et les chiffres des enquêtes régulières ou des effectifs en apprentissage de la langue montrent bien que la tendance est en forte baisse.
Une classification établie par l’Unesco
L'Unesco édite régulièrement son “Atlas des langues en danger dans le monde” qui répertorie toutes les langues connues sur la planète et présentant des caractéristiques d’extinction ou de retrait.
Elle en dénombre ainsi 2 500 sur 6700 langues parlées sur Terre. Chaque langue reçoit une classification qui va de 0 à 4. Le niveau 0 correspond à une langue qui est éteinte et qui a très peu de chance de renaître de ses cendres. Le niveau 1 est le niveau dit “ en voie d’extinction”, qui est une dernière alerte pour agir afin d'empêcher l’inexorable.
Enfin, le niveau 2 est celui des langues « sérieusement en danger ». L’Unesco caractérise ces langues par une locution prépondérante dans les générations des grands-parents avec des parents qui la comprennent, mais ne la parlent quasiment plus. C’est le cas de la langue bretonne classée au niveau 2 par l’Unesco. C’est d'ailleurs le cas de toutes les langues dites celtiques qui sont classées entre le niveau 2 et le niveau 4 (pour le gallois classé comme vulnérable). L’Atlas ne traite pas des langues de niveau 5 qui sont les langues dominantes parlées sur la planète, comme l’anglais, le mandarin ou le français.
Une confirmation statistique de la fragilité de la langue bretonne
La Bretagne compte environ 200 000 personnes qui disent parler breton. Ce chiffre est plutôt stable sur les dernières années et représente à peu près 5,5% de la population de la région. À première vue ce chiffre serait plutôt rassurant, mais à y regarder de plus près il est assez mauvais.
À vrai dire, l’âge moyen des locuteurs est de 70 ans contre 63 ans il y a cinq ans au moment de la dernière enquête. Enfin, les personnes plus de 60 ans forment quasiment 80 % des personnes parlant le breton. Tandis que les jeunes sont sous-représentés : les 15 à 24 ans ne forment que 3 % seulement des locuteurs.
Avec le vieillissement inexorable de la population, il faut donc s’attendre à ce que le nombre de bretons qui parlent leur langue régionale s’écroule lors des 10 à 20 prochaines années.
Peu d’espoir du côté de l’apprentissage
Il fut un temps où la presse parlait d'engouement pour l’apprentissage de la langue bretonne à l’école publique ou dans le réseau privé ou les écoles Diwan. C’est un fait que des classes se sont ouvertes et qu’il y a aujourd’hui des filières bilingues et de plus en plus de cours.
Mais dans la réalité, les chiffres sont assez faibles et ne permettront jamais de remplacer les locuteurs qui disparaissent au fil des générations. Ainsi, en 2020, on dénombre 19000 élèves dans les filières bilingues et seulement 3 805 élèves qui ont une option breton au collège ou au lycée. Enfin, à l’université, ce sont à peine 800 étudiants qui suivent le cursus "langue bretonne".
Côté adulte aussi, les chiffres restent assez faibles : on dénombre ainsi un peu plus de 3000 personnes qui suivent des cours de breton.
Dans l’ensemble, la filière de la langue bretonne estime qu’il faudrait au moins doubler ces chiffres pour que le nombre de locuteurs reste constant au fil des années. Et l’apprentissage n’est qu’une étape qui doit être suivie d’une pratique relativement constante tout au long de la vie pour espérer de bons résultats.
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